J’ai toujours beaucoup dessiné et longtemps pratiqué l’estampe. Néanmoins, j’avais d’autres envies; je voulais que mes peintures et mes gravures descendent des murs, qu’elles enflent et qu’elles conquièrent l’espace.
Je voulais qu’elles s’impriment sur des supports ayant leur propre vie et leur propre texture. Je voulais qu’elles existent davantage, qu’elles puissent se poser çà et là, qu’elles se dévoilent progressivement au gré de nos déplacements.
J’ai façonné des urnes et des jarres pansues, gonflées d’air, dont les volumes évoquent l’histoire qui va les habiter.
J’ai rêvé de la façon dont mes dessins s’enrouleraient autour d’elles. J’ai arrondi ou tendu les courbes, basculé les volumes pour qu’ils se prêtent mieux au motif. J’ai peint avec des engobes et des oxydes, voluptueusement, en caressant les rondeurs.
J’ai fait, je fais des vases qui ne veulent servir à rien, dont le dedans participe au récit et dont les formes sont souvent un peu instables.
On les pose là, on les regarde, on les oublie, on les voit à nouveau et on sourit.