À quel moment l’objet redevient-il une forme ?

Ancré dans son rapport utilitaire à la forme, notre regard nous amène presque automatiquement à en chercher la fonction.

Comme l’enfant qui découvre un outil au fond d’un tiroir, c’est le face à face avec l’objet inconnu qui m’attire. Pris hors du champ de ses possibilités fonctionnelles, il se transforme en une forme libre d’interprétation. Il redevient un territoire fictionnel à explorer, offrant dès lors l’opportunité à l’utilisateur passif d’ouvrir un dialogue nouveau avec la forme.
Soupeser du regard, tourner autour, manipuler pour retourner à une forme d’appréhension primitive.

C’est dans cet interstice que se meut ma pratique. Le sens fictionnel devient le sens fonctionnel. Cette fonction est étirée jusqu’à son impossibilité, créant des objets intrigants, parfois absurdes, dont l’utilisation est impossible.

Souvent conçues comme des architectures ou des systèmes hydrauliques en attente d’activation, les pièces que je produis cherchent à maintenir une ambiguïté esthétique entre des objets industriels et des formes archaïques. Ces questionnements et recherches m’ont naturellement amené à travailler avec la céramique. Matière première de l’objet dans son histoire, ses propriétés plastiques offrent la possibilité d’un dessin en volume.
Ici, le façonnage à la main et ses imperfections viennent mettre en tension des formes standardisées, tout en modifiant le rapport à la forme.