J’ai débuté ma carrière comme vétérinaire d’abord au Sénégal, puis en France et finalement en Belgique. Profondément touchée notamment par le travail de Seyni Awa Camara rencontrée au Sénégal en 1995, j’ai commencé le modelage aux Ateliers des beaux-arts de la ville de Paris puis ai été formée en céramique à l’Académie des arts d’Ixelles (avec Thérèse Lebrun). Happée par cette pratique, je m’y consacre pleinement suite à mon diplôme en 2019.
Le choix de la céramique et la manière dont je l’aborde à travers le modelage est central au sein de ma démarche artistique. Cette voie me permet de « donner prise » à la matière, de me laisser instruire par elle. J'utilise ce médium comme une interface permettant la communication entre le visible et l’invisible, le conscient et l’inconscient, le soi et l’Autre. Ma formation scientifique initiale m’a par ailleurs amenée à me questionner depuis des années sur le fonctionnement du cerveau et à explorer au travers de lectures et de différentes pratiques les états modifiés de conscience (rêves et transe cognitive auto-induite). Ces pratiques nourrissent mon travail.
Outre sa valeur symbolique et historique, le travail de la terre est une pratique éminemment alchimique. Une pratique où la transmutation de la matière lors de la cuisson entre en résonnance profonde avec notre condition humaine. Interrogeant dans mon travail l'énigme de la relation entre les vivants et les morts, mes recherches s'attachent aux objets rituels.
Travaillée avec mes mains, la terre se déforme, prend forme, s’étire, se fissure, me touche comme je la touche et garde la mémoire de notre dialogue pour en ouvrir d’autres.